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Accès équitable et transparence des services de télécommunications au Sénégal

Objet : Accès équitable et transparence des services de télécommunications au Sénégal. 

Monsieur le Ministre,

En ma double qualité de député et d’ingénieur du numérique, je souhaite attirer votre attention sur plusieurs préoccupations majeures liées à l’accès, au coût et à la transparence des services de télécommunications au Sénégal. Ces enjeux, qui touchent directement le pouvoir d’achat des citoyens et la compétitivité de notre économie, appellent des réponses précises et des mesures correctives.

Tout d’abord, de nombreux usagers signalent une consommation anormalement rapide de leurs forfaits Internet, suscitant des interrogations sur la transparence des mécanismes de comptabilisation des données. En tant que technicien, je m’interroge sur la conformité des méthodes employées par les opérateurs – notamment la gestion des flux en arrière-plan et les mises à jour automatiques – aux standards internationaux en vigueur.

Ensuite, le coût de l’Internet mobile demeure élevé par rapport à certains pays voisins. À titre de comparaison, 1 Go de données coûte environ 1 500 FCFA au Sénégal, contre 900 FCFA en Côte d’Ivoire et 1 200 FCFA en Guinée. Même face au Mali ou à la Gambie, où le prix oscille autour de 1 200 FCFA/Go, notre tarification se situe dans la tranche haute. Cette situation pénalise les ménages et les entreprises, en particulier les startups et les acteurs du numérique dont la compétitivité dépend fortement de l’accès à une connectivité abordable.

Par ailleurs, la question des crédits non consommés – qu’il s’agisse de données ou de forfaits voix – reste une source de frustration pour les consommateurs. Ces crédits expirent souvent sans compensation, alors que les opérateurs réalisent des chiffres d’affaires considérables. En 2024, le chiffre d’affaires de l’opérateur national SONATEL a atteint 1 776,4 milliards de FCFA, en hausse de 9,6 %, avec un résultat net de 393,7 milliards de FCFA, soit une progression de 18,7 %. Dans d’autres juridictions, des dispositifs existent pour permettre le report des crédits ou offrir des compensations aux abonnés, soulevant ainsi la question d’une éventuelle régulation au Sénégal.

Face à ces constats, je vous prie de bien vouloir répondre aux questions suivantes :

  1. Normes de comptabilisation des données : Quelles exigences techniques le ministère impose-t-il aux opérateurs pour assurer une mesure transparente et fiable de la consommation des données ? Un audit indépendant des mécanismes de comptabilisation est-il envisagé afin de garantir leur conformité et leur fiabilité ?
  2. Comparaison régionale des coûts : Quels benchmarks le ministère utilise-t-il pour évaluer les tarifs pratiqués au Sénégal par rapport aux autres pays de la sous-région ? Quelles mesures concrètes sont prévues pour favoriser une réduction des coûts tout en maintenant la qualité du service ?
  3. Gestion des crédits non consommés : Existe-t-il une estimation du volume annuel des crédits expirés sans compensation pour les abonnés ? Le ministère envisage-t-il une régulation obligeant les opérateurs à proposer des reports ou des compensations, à l’instar de certaines pratiques internationales ?

L’accessibilité et la transparence des services de télécommunications sont des enjeux fondamentaux pour notre pays. Les réponses à ces questions permettront d’éclairer la représentation nationale et de rassurer nos concitoyens sur les efforts entrepris en faveur d’un accès équitable et d’une meilleure régulation du secteur.

Dans l’attente de vos éclaircissements, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

ahad ndiaye

Ahad Ndiaye

Abdoul Ahad Ndiaye

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